Mémoires sur la Révolution française
La MÉMOIRES DE MADAME ELLIOTT
des villes et des villages portant des gibets et des insruments de torture. Le soir, ces pauvres gens abusés retournèrent dans leurs villages, ivres ct — dans un affreux désordre, J'assistai à Bruxelles à des scènes effroyables, semblables à celles de France ; seulement, ici, le prétexte était la religion. Je vis des malheureux écorgés dans la rue pour n'avoir pas Ôté leurs chapeaux devant les capucins ou pour avoir passé, sans saluer très-bas, devant le buste de Van-Der-Noott. Ce buste était placé en différents endroits de la ville et même au théâtre. Van-Der-Noottétait un homme d’une physionomie étrange : il avait, je crois, une quarantaine d'années; il était grand et mince, plein de vivacité et ne paraissait pas méchant, quoique fort laid. Je n'oublierai jamais son costume : c'était un habit de soie brune bordé de rose, avec un étroit galon d'argent, une veste de basin blanc, des bas de coton blanc, des manchettes de filet avec une frange autour
et une perruque ronde poudrée.