Mémoires sur Naigeon et accessoirement sur Sylvain Maréchal et Dalalande : lu à l'Académie des sciences morales et politiques
— 408 —
ce grand nom, mais de s'être souyenu , pour la reproduire , alors qu’elle était bien oubliée, de cette belle preuve de l'existence de Dieu, tirée des Elévations : « L'imparfait ne peut valoir mieux que le parfait, ni être plus que lui, ni l'empêcher d’être. Qui peut donc empêcher que Dieu ne soit ? ++... Pourquoi le néant de Dieu l'emporteraitil sur l'être de Dieu, et vaut-il mieux que Dieu ne soit pas que d'être? ..:.......... On dit: le parfait n'est pas; le parfait n'est qu'une idée de notre esprit, qui, sûr de l'imparfait, qu’on voit de ses yeux, s'élève à une perfection qui n'a de réalité que dans la pensée. C’est le raisonnement que l'impie voudrait faire dans son cœur insensé , qui ne songe pas que le parfait est le premier en soi et dans les idées, et que l'imparfait, en toute façon, n’est qu'une dégradation. Dis, mon âme, comment entends-tu le néant, sinon par l'être? Comment entends-tu la privation, si ce n'est par la forme dont elle prive? Comment l’imperfection, si ce n'est par la perfection dont elle déchoit ? Mon âme, n’entends-tu pas que tu as une raison, mais imparfaite, puisqu'elle ignore, qu'elle doute, qu'elle erre et qu'elle se trompe ? Mais comment entends-tu l'erreur, si ce n’est comme privation de la vérité ? Et comment le doute ou l'obscurité, si ce n'est comme privation de l'intelligence et de la lumière: ou comment l'ignorance, si ce n’est comme privation du savoir parfait? Comment dans la volonté le déréglement et le vice, si ce n'est comme privation de la règle, de la droiture et de la vertu? Il y a donc primitivement une intelligence, une science certaine, une vérité, une fermeté, une inflexibilité dans le bien ; une règle, un ordre, avant qu'il y ait une déchéance de toutes ces choses : en un mot, il y a une perfection