Mémoires sur Naigeon et accessoirement sur Sylvain Maréchal et Dalalande : lu à l'Académie des sciences morales et politiques

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six mois à Paris, où je suis né et où demeure {oute ma famille, lorsque j'y étais, je copiais les manuscrits qui étaient achevés ou en train; quand je n'y étais pas, mon frère me les faisait passer par la poste à Sedan, au moyen de son ami Bron, qui était taxateur et en même temps inspecteur général du bureau du départ. Mon emploi ne me donnant rien à faire, aimant et cultivant aussi, en raison de mon intelligence, les belles-lettres et la philosophie, attachant un prix infini à la confiance de mon frère, et extrèmement curieux de lire et de copier ces sortes d'ouvrages, J'y travaillais avec un zèle et une exactitude incroyables. Quand j'avais le manuscrit entier, je ladressais à Liége, à M. Loncin, correspondant de Marc-Michel Rey, auquel il le faisait passer. Quand le manuscrit n'était pas complet, ou que mon frère le croyait susceptible d'être encore corrigé, Je lui faisais passer et minute et copie,sous le couvert de l'intendant général des postes ou d’un administrateur, pour le remettre à M. Bron, et celui-ci à mon fière, qui réunissait tout le manuscrit et l'adressait à M. Loncin, ou à Rey, par la diligence ou des voyageurs. »

Nous apprenons par ces particularités de quelle manière étaient préparées et disposées pour la publicité la plupart des productions philosophiqnes du baron et en particulier son Système de la nature, dont même un exemplaire ayant appartenu à Naigeon le jeune, porte en tête, écrite de sa main, la note qui vient d’être citée.

Ainsi dans cette espèce d'atelier littéraire, d'Holbach composait, il est vrai, ses livres, mais non seul et sans concours ; il avait près de lui Diderot, qui les inspirait, les fécondait, y jetait au besoin quelques vives et ardentes