Mémoires sur Naigeon et accessoirement sur Sylvain Maréchal et Dalalande : lu à l'Académie des sciences morales et politiques
d'Holbach. De l’un à l’autre il n'y avait, si l'on peut le dire, que la main. Introduit et comme établi par son ami auprès du baron, Naigeon devint bientôt un des familiers et un des collaborateurs les plus actifs de ce dernier, et voici quel était particulièrement son emploi dans cette officine philosofique; c'est de Naigeon le jeune, qui lui-même avait sa part, il est vrai fort modeste, celle de copiste dans ces travaux, que l'on tient ces détails : « Quoique l'écriture du baron d'Holbach fût bonne, très-nette et très-lisible, qu'il fit peu de ratures, et que ses renvois fussent très-exacts, ne voulant pas la faire connaître, il s'était confié à un de ses plus intimes amis, celui de tous peut-être, dont les opinions étaient les plus conformes aux siennes, celui de tous qui avait le plus de caractère, le plus de courage, le plus de zèle et le plus de talent pour l'aider dans ses projets, lui corriger même son style, et le relever de ses idées fausses, parce que sa tête, quelque froide et bien organisée qu’elle fût, était quelquefois si fatiguée, qu'il ne s'apercevait pas ou de ses contre-sens ou de ses contradictions, ou même de certaines bévues, parfois dignes d'un enfant. I] s'était confié, dis-je, à cet ami et l'avait prié de lui chercher un homme, qui fût aussi sûr qu'eux deux, qui ne fût pas ignorant, qui fût même athée, qui eût une écriture nette, correcte, extrémement lisible, et qui eût le temps de copier ses manuscrits, sans interruption, et sans faire copier une ligne à personne. Or cet ami était M. Naigeon, mon frère, et cet homme tant désiré, et demandé par l’auteur du Système de la nature à mon frère, était moi-même; ce que cet auteur n’a jamais su. J'étais alors contrôleur des vivres à Sedan. Comme j'avais la permission d'aller passer tous les ans LT he