Mémoires sur Naigeon et accessoirement sur Sylvain Maréchal et Dalalande : lu à l'Académie des sciences morales et politiques
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Le xvre siècle.est un siècle de lumières, ou si l’on aime mieux, de raisonnement, mais c'en est un aussi de sentiment; et quoiqu'il n’y ait guère accord, qu’il y ait même contradiction, entre ce qu'il affirme par système et ce qu'il croit par conscience, comme après tout l'opposition se résout en lui par la prédominance de ses généreux instincts sur sa philosophie, on comprend qu'il ait pu sentir, aimer, agir dans un sens et spéculer dans un autre; qu'il ait pu, malgré son scepticisme, avoir sa foi constante et, parmi toutes ses négations, conserver sa religion. D’autres, dans leur culte, ont plus regardé et se sont plus donnés à Dieu ; lui, dans le sien, s'est plus tourné vers l'homme; mais dans l'homme même, il n'a pas oublié Dieu , car ce qu'il a voulu pour la créature, c’est la justice telle que l'a établie le créateur; c'est l’équité qui ne va sans son principe, le Dieu père du droit, et le bien par excellence. Logiquement et au nom d'une hypothèse, il a pu douter de Dieu etde l'âme. Du fond du cœur il y a cru comme à la société, dans laquelle il n'a pu voir une institution de liberté, sans ÿ voir en même temps la double raison de cette institution, c'est-à-dire Dieu et l'âme, à défaut desquels, en effet, il ne saurait y avoir qu'aveugle nécessité et brutale servilité : il y a donc réellement et très-sérieusement cru ; et il s'est ému de cette croyance, il s'en est animé et pénétré ; il s’y est généreusement dévoué, en dépit de ses théories. Aussi pourquoi ne le dirais-je pas, à mon tour, ne dussé-je que le répéter, mais je puis le témoigner et j'en suis fier, je l'avais pensé et écrit ici même, dans ce mémoire, avant de l'avoir entendu d’une bouche plus autorisée que la mienne : à ce siècle mieux jugé, parce qu'il a beaucoup cru, parce qu'il a beaucoup