Mémoires sur Naigeon et accessoirement sur Sylvain Maréchal et Dalalande : lu à l'Académie des sciences morales et politiques
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que (1667) de deux œuvres attribuées alors à un M. SaintHyacinthe, officier de dragons, et dont l’une en totalité, et l'autre, selon toute vraisemblance, au moins pour quelques parties, doivent être restituées à Naigeon; je veux parler du Militaire philosophe et de la Théologie portative.
De la première, Voltaire pense qu'elle est excellente, et que le P. Malebranche , auquel elle est supposée s'adresser , n'aurait pu y répondre; qu’elle a fait une grande impression dans les pays où l’on aime à raisonner; qu'il n'y a rien de plus vigoureux , d’écrit avec une éloquence plus audacieuse et plus terrible. Concevez-vous rien , ajoute-t-il, de plus violent que ces paroles qui se trouvent à la page 84. Et il cite
< ridicule même qu'il a mêlés au sublime avec un art qui semble < naturel, et tout cela en quarante mille vers écrits avec autant de « pureté que l’Iphigénie de Racine.
« Je suis bien loin de croire, Monsieur, que vous avez voulu < me mortifier en citant les vers du poète Rousseau , mon ennemi < et celui de tous les littérateurs de son siècle, qui valaient mieux « que moi. Il est vrai qu'il disait que je rimais mal, parce que « j'ai pensé, dès l'âge de quinze ans, qu'il faut rimer pour les « oreilles et non pour les yeux. Je pourrais lui reprocher de n’a«< voir jamais rimé pour la raison. Mais la cause de son inimitié « venait de ce que je l'ai toujours cru un malhonnête homme.
« Je suis persuadé, Monsieur, qu'en citant ces détestables vers < d'une ennuyeuse épître à un jésuite, vous n'avez pas voulu « m'offenser. Si vous aviez eu ce dessein (ce qui n’est pas possi« ble), je vous l'aurais déjà pardonné en faveur de votre philoso« phie.
« Madame Denis pense comme moi, et est très-sensible à potre « souvenir.
« Le vieux malade de quatre-vingt-un ans est sans rancune , + avec toute l'estime que vous méritez, Monsieur, votre, etc... >