Mémoires sur Naigeon et accessoirement sur Sylvain Maréchal et Dalalande : lu à l'Académie des sciences morales et politiques
= oi
pas aisé à faire ; il le fait. Mais comme le déisme n'est lurmême qu'une religion inconséquente, il se précipite ensuite dans le pyrrhonisme, état violent et aussi humiliant pour l'amour-propre, qu'incompatible avec la nature de l'esprit humain. Enfin il finit par tomber dans l'athéisme , état vraiment cruel et qui assure à l'homme une malheureuse tranquillité, à laquelle on ne peut guère espérer le voir renoncer. » :
Voilà l'itinéraire tout tracé de la main de Naigeon pour aller tout droit du catholicisme à l’athéisme. Quoique Voltaire au fond n’aimât pas celui-ci, il aimait peut-être encore moins celui-là , et il n’était pas fâché que quelqu'un dit d’un ton, qui d’ailleurs ne lui déplaisait pas : la religion catholique, apostolique et romaine, qui est la seule bonne, la seule sûre , la seule vraie, vous mène cependant, pour peu qu'on ait l'esprit inquiet et remuant, graduellement à l’athéisme.
Et puisque j'en suis aux jugements de Voltaire sur les productions de Naigeon, qu'il ne paraît pas du reste connaitre alors personnellement et dont il ne prononce pas le nom (1), je n'oublierai pas ce qu'il disait à la même épo-
@) Plus tard, en 1775, il écrit cette lettre à Naigeon pour le remercier d’un envoi, et lui dit un mot en faveur de sa philosophie :
« Ferney, 1® mars 1775.
« Monsieur, je vous remercie de m'avoir envoyé l'éloge philo« sophique d’un poète.
« L’Arioste est au-dessus de tous les poètes par la fécondité « prodigieuse de son imagination, par la variété de ses images, < par l'intérêt dont il sait animer tant d'aventures qui toutes ont à « la fin leur dénouement, enfin par la galanterie , le badinage, le