Mémoires sur Naigeon et accessoirement sur Sylvain Maréchal et Dalalande : lu à l'Académie des sciences morales et politiques
mo —
l'objet, celle du culte et de la liberté de la presse, peuvent-elles être circonscrites et gênées par la législation ?
Je ne m'occuperai que de la première, la seule qui rentre
directement dans mon sujet. L'auteur commence par y mettre en avant ces paroles d'Épicure, qu'il s'applique à lui-même : « Je n'ai jamais voulu plaire au peuple; car ce que je sais n’est pas de son goût et ce qui est de son goût, je ne le sais pas. » Entrant ensuite en matière, voici sur quel ton il débute: « Un philosophe faisait un jour cette question à un homme du monde : Si le bal de l'opéra durait toute l’année, que penseriez-vous qu'il en arriverait ? — Ce qu'il en arriverait ? c’est que tous les masques se connaîtraient. — Eh bien ! reprit le philosophe, ces masques-là sont les symboles de toutes nos erreurs ; souhaitons que le bal dure, et ils finiront par être reconnus. — Cette fable ingénieuse et fine, ajoute l'auteur, est une espèce de prédiction, qui tend sans cesse à s’accomplir dans toutes ses parties, et dont plusieurs le sont déjà, et c'est aux progrès sensibles qu'a faits la liberté de penser'que cela est dû. De là vient en effet cette grande révolution dans les esprits et les idées, présage heureux de celle qui s'opère aujourd’hui dans l’ordre des choses. » Persuadé que telle est la voie dans laquelle il faut entrer et avancer de plus en plus, il croit devoir proposer en ce sens quelques observations sur une motion de l'abbé Grégoire, dont le zèle aussi courageux qu'éclairé, dit-il, lui paraît dans cette circonstance avoir passé les limites. Cette motion était ainsi conçue : « L'homme n’a pas été jeté au hasard sur la terre qu'il occupe : s'il a des droits, il faut lui parler de celui dont il les tient ; s'il a