Mirabeau
vance décerné aux États généraux, mais qu'il repoussait en ce moment comme irrégulier, tant qu'il ne serait pas sanctionné par tous les ordres réunis. « C'était, disait-il, jouer le royaume à trente et quarante. » Mais s’il blâma la résolution par un scrupule exagéré, il en soutint l'effet avec la dernière énergie. Tout le monde connaït sa foudroyante apostrophe à M. de Brezé, voulant faire évacuer la salle où venait d'avoir lieu la séance royale du 22 juin, cette séance à laquelle Necker avait refusé d’assister, ne voulant pas prendre la responsabilité des discours qu'on y faisait tenir au roi : « Allez dire à votre maître que nous sommes ici par la volonté du peuple et que nous n’en sortirons que par la puissance des baïonnettes! » Parole qui électrisa l'Assemblée, lui donna toute la conscience de sa force et fit paraître Mirabeau comme le tribun de la Révolution. Il ne renoncait pas pourtant à en être le modérateur : ce rôle ne lui convenait pas moins que celui du tribun. Dans la séance du 27 juin il donnait à l’Assemblée et au roi des conseils de modération et s’appliquait à séparer la cause du roi de celle de la noblesse.
Cette tactique ne pouvait guère avoir de succès auprès d’un monarque aussi incapable que Louis XVI de résister à son entourage. Bientôt furent appelées des troupes (onze régimentsétrangers sur quinze) pourintimider l’Assemblée ou la comprimer au besoin. Mirabeau protesta, dans la séance du 8 juillet, contre cet inquiétant déploiement de force armée et conclut en suppliant le roi d’écarter ces troupes et de lever des gardes bourgeoises. Son discours détermina l’Assemblée à voter sur-le-champ la présentation d’une adresse dont la rédaction lui fut confiée. Étienne Dumont, dans ses Souvenirs, où un excès d’amourpropre semble égarer trop souvent sa mémoire, à prétendu qu'il était l’auteur de cette adresse, fort admirée ; les Mémoires de Mirabeau établissent péremptoirement que, bien