Mirabeau
Op
il avait été, à son retour, l'objet d’une enthousiaste ovation, un ordre de libération des représentants de la Commune. Necker avait parlé, aux applaudissements dela foule, le langage de la clémence et du pardon, et la Commune avait pris un arrêt portant qu'elle pardonnait à ses ennemis. Il fallait le soutenir, au lieu de relever l’illégalité de ce pardon, Je n’accuse pas Mirabeau d’avoir obéi en cette circonstance à sa haine contre Necker, ni même d’avoir voulu flatter l'opinion des districts et des clubs, mais je ne comprends guère, je l'avoue, ce souci de la légalité dans des circonstances où l'exemple de la clément était si bon à donner.
Mirabeau n’assista point, je ne sais pour quel motif, à cette fameuse séance nocturne du 4 août où, dans un transport d'enthousiasme, les privilégiés vinrent successivement faire le sacrilice de tous leurs droits seigneuriaux et parurent rivaliser entre eux pour ne plus laisser subsister aucun vestige sur le régime féodal. Mais on voit, par une lettre écrite à son oncle, le marquis de Mirabeau, qu'il était ici partagé entre la sympathie qu'excitait en lui le généreux enthousiasme manifesté dans cette séance et les craintes que lui suggérait son sens pratique à l'endroit de conversions si rapidement faites. Il craignait que, quand il s'agirait de passer des principes à l'application, on ne revint sur ces concessions pour les atténuer ou les retirer, et il aurait voulu une discussion plus approfondie et par-là d’un effet plus certain. Lui-même eut plus d’une lance à rompre pour assurer cet effet. Ainsi, quelques jours après, dans un débat concernant l'abolition du privilège du droit de chasse, comme un député proposait de faire une exception en faveur des plaisirs du roi, Mirabeau, tout en défiant le plus royaliste de ses collègues de porter plus loin que lui le respect religieux de la prérogative royale, s’éleva énergiquement contre l'exception qu’on demandait. Sur la