Mirabeau
OR
prochaine Assemblée. « Dans les circonstances où l’on se trouvait, dit Madame de Staël (Considérations sur la Révolution française) pour expliquer la conduite de son père, il ne fallait pas irriter les esprits par le mot de véto absolu. » Mirabeau, qui prit une grande part aux débats, repoussa ce compromis, parce qu'il lui paraissait insuffisant, ou même dangereux, en ne laissant au monarque aucun moyen d’échapper à la nécessité de promulguer une loi qu’il n'aurait pas consentie, et en le poussant ainsi à diriger contre le corps législatif la puissance formidable dont il disposait. Mirabeau se prononça en faveur du véto absolu, parce que, dans une Constitution monarchique, la sanction royale doit entrer comme partie intégrante du pouvoir législateur, et qu’elle est d’ailleurs sans danger pourvu que le roi ne puisse jamais s’obstiner dans son véto sans dissoudre l’Assemblée avec laquelle il est en désaccord, ni la dissoudre sans en convoquer immédiatement une autre. Il est nécessaire de faire remarquer qu'en réclamant ainsi le droit de véto absolu pour l'autorité royale, Mirabeau ne prétendait nullement l'appliquer à la Constitution elle-même ; celle-ci était hors de cause, « car, disait-il fort justement, je ne vois » pas comment on pourrait disputer à un peuple le droit » de se donner à lui-même la Constitution par laquelle il » lui plait d’être gouverné désormais. » Il ne s'agissait qué du droit de véto à donner au roi dans la Constitution à créer. Or, il faut reconnaître qu'à cet égard Mirabeau était dans la logique de l'institution monarchique, tandis que ceux qui repoussaient le droit de véto, enn’admettant qu’un véto suspensif, étaient inconséquents, comme ils le seront plus tard en refusant au roi le droit de dissoudre le corps législatif. La logique, voilà ce qui manque en général à l’Assemblée constituante. Elle voulait fonder une monarchie, et, par défiance du monarque auquel elle avait affaire, elle combinait, suivant la remarque de Madame de