Mirabeau

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par elle-même, capable d'acquérir et de posséder, et par conséquent de s'approprier des biens qui, dès lors, n’auront plus ni propriétaires, ni possesseurs. « Prenez garde, dit-il, » que si vous m’admettez pas ces principes, tous vos décrets » sur les privilèges de la noblesse, sur la contribution » qu’elle doit, et sur l'abolition de ces immunités ne seront » plus que de vaines lois. Lorsque vous avez cru que vos » décrets sur ces importantes questions ne portaient point » atteinte au droit de propriété, vous avez été fondés sur ce » que ce nom ne convenait pas à des prérogatives et à des » exemptions que la loi n'avait point sanctionnées et que » l'intérêt public était forcé de détruire. Or, les mêmes » principes ne s’appliquent-ils point aux fondations parti» culières de l’Église ? »

Mirabeau proposait donc de déclarer que la Nation était la véritable et seule propriétaire des biens ecclésiastiques, et, comme compensation, que la dotation des curés, quels qu’ils fussent, ne serait pas moins de onze cents livres par année.

Un décret en ce sens fut rendu le 2? novembre, à une majorité de 568 voix contre 346; un autre décret ordonnait la vente des biens ecclésiastiques et des domaines de la couronne jusqu’à concurrence de 400 millions.

Mirabeau était désigné par son talent et par son influence pour être le premier ministre de la monarchie constitutionnelle. Jamais cependant, par suite d’intrigues et de jalousies, il ne put obtenir ce titre. Il avait élé question, parait-il, en novembre 1789, de l’appeler au ministère. Au moins avait-il l'espoir bien ou mal fondé d'y parvenir à cette époque. Mais il ne voulait être ministre qu’à la condition de pouvoir rester membre de l’Assemblée nationale : il comprenait en effet que, comme le disent très bien les Mémoires, il ne serait utile et puissant dans le cabinet qu’autant qu’il resterait puissant à la tribune, ou