Musique exécutée aux fêtes nationales de la Révolution française : chant, choeurs et orchestre

66 FÊTE POUR LA PRISE D'OSTENDE, 1794.

clarinettes et flûtes font entendre des arpèges et a abesques, donnant la sensation des mille bruits de l’onde et du souffle des aquilons. À ces dernières exceptions près, le rôle de l'orchestre n’offre rien de particulier, ni de nouveau dans les formules d'accompagnement. Sa tâche principale et constante, est de soutenir les voix : les flûtes et clarinettes, presque toujours à l’unisson, suivent les parties hautes; les bassons et serpents, suivent les parties de basse-taille ; les trombones, alors de longueurs différentes (haute-contre, ténor et basse), doublent selon le cas, voix et instruments; quant aux cors et trompettes, ils entrent dans l’ensemble lorsque l'harmonie admet les quelques sons ouverts que produit leur corps sonore. Nous n'avons donc pas jugé utile de publier la partition complète de Catel; la réduction au piano la résume suffisamment et s’il se trouvait quelque amateur ayant intérêt à étudier en détail les parties d'instruments, il pourrait en prendre connaissance dans les 7° et 89 livraisons de Musique à l'usage des fêtes nationales parues en vendémiaire et frimaire an IT, (bibliothèque Nationale et du Conservatoire), d'où nous les avons tirées.

Nous ne saurions dire d’une façon précise, si cette composition a été exécutée au concert du 16 messidor, dans sa forme définitive où dans la première, mais les détails qui font défaut dans les documents relatifs à cette fête, sont plus nombreux et explicites, pour l'anniversaire du 14 Juillet, célébré quelques jours après. D'abord, cette lettre (inédite) qui indique bien le but de chacune des versions :

LIBERTÉ, ÉGALITÉ, FRATERNITÉ INSTITUT NATIONAL DE MUSIQUE Le 24 messidor II (12 juilllet 4794).

L'adminisiration provisoire de l’Institut au citoyen Payan Citoyen,

La Bataille de Fleurus, chant républicain du citoyen Lebrun, a été renvoyé par le Comité de Salut publie à l’Institut national pour être mis en musique. Ce morceau a élé traité de deux manières. En premier lieu, pour l’usage du peuple, il a été fait un air simple ; en second lieu, il a été trailé pour être exécuté à grand chœur et à grand orchestre.

La Commission d'instruction publique fait imprimer dans ce moment, le chant simple avec le refrain pour le peuple: elle sentira peut-être la nécessité d'imprimer aussiles strophes qui ont été mises en musique pour un grand orchestre. L'administration de l'Institut adresse à la Commission d’instruction publique, ces strophes mises en ordre et écrites par le citoyen Lebrun lui-même.

Salut et fraternité,

Les administraleurs provisoires de l’Institut, SARRETTE, DEVIENNE, CHERUBINT, GOssEC, PaGnrez, F. Duvernoy, DELcAMBRE.

L'impression de ce morceau ne pouvant être terminée en temps utile, la copie en fut confiée à Lefebvre, copiste de l'Opéra, qui fournit pour le 14 juillet : 15 parties de haute-contre, 15 de taille, 20 de basse-taille, 6 de flûtes (1re et 2€), 8 de clarinette, 6 de cor, 4 de trompette, 3 de trombone, 8 de basson, 10 de serpent et 6 de contrebasse à cordes pour renforcer les bassons et serpents. L'œuvre de Catel fut encore exécutée le 23 thermidor suivant (10 août) ainsi qu'à la cérémonie funèbre en l'honneur du général Jourdan, le 16 pluviôse an IV (5 février 1706). La Chanson de Fleurus ne fut point abandonnée pour cela; elle fit encore partie du programme du 10 août « mise en chœur », suivant la note du copiste, qui fournit 20 parties de dessus, 15 de haute-contre, autant de tailles et 20 basses.

Le Chant des Victoires de M. J. Chenier et Mehul (p- 74) tel qu'il nous est parvenu par l'édition du Magasin de musique (n° 22 et 54) et par le Livre des Epoques, paraît avoir été conçu dans des proportions plus modestes. Si cela est indubitable au point de vue du développement, il n’est pas moins vrai que le compositeur a employé des ressources instrumentales plus considérables que celles quinous ont été transmises. Nous en trouvons la preuve dans une note de copie — non citée encore, comme les précédentes, par les m usicographes — énumérant les parties de chant et d'orchestre, fournies pour la fête du 10 août suivant : clarinettes (14), flûtes (6), cors (6) trompettes (4), trombones (3), bassons (8), serpents (10), contrebasses (6), cimbales, buccin et gros tambour et enfin, du chœur, il ne nous reste que la partie supérieure. Ce morceau a une grande analogie avec le Chant du Départ ; le même procédé s’y retrouve, certains membres de phrases sont presque identiques, les deux premières mesures par exemple, et le fragment initial de plusieurs motifs. Ils ont été certainement conçus dans le même moment, mais l'on ne saurait dire auquel revient la priorité et si l’un est la transformation de l'autre. La ligne mélodique du Chant des Victoires est plus accidentée et pleine de vigueur; Méhul n'a pas craint de reproduire à plusieurs endroits, le saut de septième que Gossec avait supprimé dans la Marseillaise ;ilVest vrai que Méhul l’a placé dans le registre moyen. L'harmonie est par suite plus cherchée et plus variée. En somme cette composition est digne du génie de l’auteur de Joseph et si le caractère de la poésie avait prêté à de plus fréquentes exécutions, peut-être eût-elle trouvé une partie de la vogue obtenue par le Chant du Départ ! Primitivement le Chant des Victoires ne se composait que des strophes marquées d'un astérisque(p. 75) ; les quatre autres furent ajoutées pour la fête du 10 août! ; c’est pourquoi l'on rencontre des éditions dissemblables. A défaut d'autres preuves, le texte de Chénier suffirait à le démontrer. La sixième Strophe par exemple, fait allusion à des évènements postérieurs à la célébration de la prise d'Ostende: citons seulement les deux derniers vers relatifs à l'occupation de Liège, qui n'eut lieu que le 27 juillet. Comme auditions subséquentes de cette æuvre de Chenier et Mehul,

1 Le texte complet (poésie) du chant des Victoires, a été publié par le Journal de Paris n° 587 du 93 thermidor IT, (10 août 1794), p. 2370.

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