Napoléon Bonaparte, drame en six actes et en vingt-trois tableaux

NAPOLÉON. 29

sur toutes les villes de guerre; que les troupes les abandonnent et marchent sur Paris. Faites passer cet ordre par esta fettes. Si Paris tient seulement deux jours, nous les prenons entre trois feux ; pas un n'échappe.

TOUS. Un courrier de Paris, un courrier de Paris!

NAPOLÉON. Que n’apportes-tu ?

LE COURRIER. Une lettre de M. de Lavalette. NAPOLÉON , lisant. « Sire, votre présence » est nécéssaire à Paris, sur lequel l’en» nemi marche de tous côtés. Si vous vou-

» lez que la capitale ne soit point livrée à » l'ennemi, il n° ÿ a pas un seul instant à

» perdre. » Oui, je vaudrais mieux qu’une arinée au milieu d'eux ; ma présence excitera mes braves Parisiens. Monsieur le maréchal, je vous laisse Le commandement des troupes. Marchez par Fontainebleau; faites parvenir des ordres à Raguse et à TFrévise ; qu'ils se hâtent, qu'ils marchent sur Paris. Des chevaux à ma voiture. Il faut que je sois dans ma capitale avant ce soir. Oh! quelle guerre! Qu'ils marchent sans retard à tr iple € étape. Nous nous rallierons tous au canon de Montmartre.

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Dousième Cableau.

Un salon du fautourg Saint-Germain.

SCENE HI.

LE MARQUIS DE LA FEUILLADE, LE BARON, LE VICOMTE.

LE MARQUIS. Ah! bonsoir, monsieur le baron. Quelles nouvelles ?

LE BARON. Mauvaises. Bonaparte a battu les Prussiens à Champ-Aubert et à Montmirail. LE MARQUIS. Est-ce sûr ?

LE BARON. Tenez, demandez au vicomte.

LE VICOMTE. Ah! mon cher, tout est perdu. Les alliés sont en pleine retraite. On les a poursuivis sakrant jusqu’à Chàteau-Thierry. Le peuple se lève, il s’est armé avec les fusils pr ussiens dont les routes sont couvertes ; si Soissons tient, tout est perdu.

LE MARQUIS. Savez-vous si les souverains alliés ont reçu à tems nos lettres ?

LE BARON. Elles ont été remises à un homme sûr.

LE VICOMTE. La paix n’est point à craindre alors?

LE MARQUIS. Non. Les conditions qu’on lui imposera ne sont point acceptables. Il faut qu'il ait l’air de vouloir la guerre. Qu'est-ce que cela ?

LE BARON. Quoi ?

LE MARQUIS. Ce. bruit ?

LE FARON 3] de la fenétre. Qu’y a-t-il, mon brave

UN HOMME , de la rue. Dix mille prisonniers russiens ‘qui passent sur le boulevart. Venez les voir.

UN CRIEUR. Voilà ce qui vient de paraîtré ! Bulletin de la grande victoire remportée par l’empereur Napoléon à Montmirail et à Champ-Aubert.

LE MARQUIS. ni: ( Se jetant dans un fauteuil.) Que faire

LE BARON. Cela ne peut pas durer. Cet honune les bat partout où il'se trouve, c’est vrai; mais 11 ne peut pas être par-

tout... Avez-vous recu des lettres du comte d'Artois? LE VICOMTE. Oui... Il est en Franche-

Comté, à la suite des Russes.

LE MARQUIS. Et ses fils ?

LE vicomrE. Le duc d’Angoulème est au quartier-pénéral des Anglais dans le midi. Le duc de Berry est à Jersey. Tout va bien par là.

LE BARON. Mais il faudrait le faire savoir aux souverains alliés.

TOUS. Sans doute, sans doute.

LE MARQUIS. Âvez-vous vu la proclamation de Louis XVIII datée d'Hartwell ? Très-bien ! des pardons, des places.

LE VICOMTE. Eh bien! mais il est impossible que Bonaparte avec ses quarante mille hommes puisse même résister.

LE MarQUIS. Mais les alliés le croient bien plus puissant.

LE BARON. Il faudrait les prévenir de sa faiblesse.

Tous. Certes!

LE VICOMTE. Mais il faudrait un homme sûr qui ne craignit point de passer à travers les rangs français . Quant à Paris, il n’y a rien à craindre: la police est pour nous.

LE MARQUIS. J'irai , moi, si vous voulez.

LE BARON. Vous?

LE VICOMTE. Vous?

LE MARQUIS. Oui. Si je suis fusillé , eh bien ! vous direz à ma mère: Il est mort digne de vous, digne de son père, àl est mort pour ses princes légitimes.