Napoléon Bonaparte, drame en six actes et en vingt-trois tableaux
KAPOLÉON. 49
être lus, ils seront justes; quand ils voudront être beaux, ils me loueront. Donnez-moi le Mornirg-Chromele et le Statesmule. MARCHAND. Le gouverneur les a supprimés. NAPOLÉON. Ah ! c’est bien.
LAS cases. Votre majesté a abrégé sa promenade aujourd’hui.
NAPOLÉON. Oui, (4 Marchand.) Faitesmoi donner du café. (4 Las Cases. Us iont parqué, mon cher. Sainte-Hlène, avec ses huit lieues de tour, est trop étendue ! moi qui me trouvais à l'étroiten Europe !.… ou plutôt, l'air des montagnes est trop pur .… Il me faut ma vallée malsaine… On me toise l’espace, et un soldat anglais me couche en joue quand j'approche des limites... Comment les souverains d'Europe peuvent-ils laisser polluer en moi Le caractère sacré de souveraineté? Ne voientils pas qu'ils se tuent de Leurs propresmains à Sainte-Hélène ?... Toutefois je ne me plaindrai pas ; Les plaintes sont au-dessous de ma dignité et de mon caractère... J'ordonne ou je me tais.
LAS CASES. Le monde vous vengera, sire ; et vous étes plus grand ici qu'aux Tuileries.
NAPOLÉON. Je le sais bien, et cela me fait passer sur beaucoup de choses!.. Mais sic’est à ce prix qu'on devient un homme de Pluiarque!... Au moins Régulus n’a souffert que trois jours.
MarcuanD. Voici votre café, sire. Il y avait là Le médecin de sir Hudson Lowe...
NAPOLÉON. Et pourquoi le médecin de sir Hudson Lowe ?
MARCHAND. Îl à appris que votre majesté était souffraute.
NAPOLÉON. Et 1l m'euvoie son médecin? (1 faire son café et le jette.)
MARCHAND. Est-ce que ce café est mauvais , sire ?
NAPOLÉON. Non: mais Corvisart m'a toujours dit de me défier du café qui sent l'ail. IL me semble pourtant que du café m'aurait fait du bien... Mais je n’en ai encore pris de bon qu'une fois depuis que je suis ici, et jai été mieux pendant trois jours... Marchand , il faudra vous en procurer à quelque prix que ce soit.
MARCHAND. Sire, nous n’avons pas d’argent. NAPpOLÉON. Vous le troquerez contre un bijou quelconque à moi, (Bruit au dehors.)
Eh bien! qu'y a-t-il? quel est ce bruit? voyez; c’est La voix de Santini .. voyez. SIR HUDSON LOWE, duns la coulisse. French dog ! SANTINI. Birbone!
NAPOLÉON Oh! une dispute entre Sanüni et le gouverneur,
MARCHAND, de la porte. On n'entre pas.
SIR HUDSON LOWE. Il faut que je lui’ parle.
NAPOLÉON , à Marchand. Laissez. laissez.….. Je vous écoute, sir Hudson! mais parlez de la porte; c’est de là que me parlent mes valets.
SIR HUDSON LOWE. Général Bonaparte. NAPOLÉON. D'abord je ne suis pas pour vous Le général Bonaparte : je suis l’empereur Napoléon. Nonrmez-moi du titre qui n'appartient, Où tie me nonimez pas.
SIR HUDSON LOWE. J'ai recu l’ordre de mon gouvernernent de ne vous appeler que... \
NAPOLÉON. Ah! oui, de lord Castelreagh, de lord Bathurst ! Qu'ils m’appellent comme ils voudront! ils ne m’empécheront pas d’etre moi. Eux tous, et vous qui me parlez, vous serez oubliés avant que Les vers aient eu le tems dedigérer vos cadavres; ou si vous etes conuus, ce sera pour Les indignits que vous aurez exercées contre moi; tandis que l’empereur Napoléon demeurera toujours létoile des peuples civilis's !.... Parlez maintenant; que voulez-vous ?
SIR HUDSON LOWE. Que le Corse Santini soit remis entre mes mains.
NaPOLÉON. Et qu'a fait Le Corse Santini?
SIR HUDSON LOWE. Îl a frappé l’un des soldats anglais qui abattaient les arbres qui sout sur Le chemin de Plantation-House,
LAS CASes. Et pourquoi abattait-on ces arbres?
NAPOLÉON. Pourquoi, mon pauvre Las Cases? pourquoi? Parce que l’empereur Napoléan aimait à se reposer sous leur ombre qui seule brisait la force de leur soleil du tropique.. S'ils pouvaient faire rougir la terre, il le feraient.
SIR HUDSON LOWE. Le gouvernement iguorait.
NAPOLÉON. Vousne l’ignoriez pas, vous! vous qui m'avez vu vingt fois m’y asseoir, sous cette ombre qui ie rappelait mes hètres d'Europe!