Napoléon Ier et le Roi Louis : d'après les documents conservés aux archives nationales
DU TRAITÉ DE TILSITT A LA BATAILLE DE WAGRAM. 1xxvi
système du blocus reçoit des atteintes graves, ce n’est point en Hollande, mais ailleurs. » C'était dans une lettre datée du 16 décembre 1808, que Louis tenait ce langage. Il l'avait écrite au moment où il venait d'apprendre que le décret du 16 septembre était non-seulement rétabli, mais aggravé dans ses dispositions, et il exprimait la douloureuse surprise que lui causait ce renouvellement de rigueur. Dans l'espoir de ramener l'empereur à des idées plus clémentes, il lui adressa une autre lettre par l'entremise de sa mère (1). On ne possède point cette seconde lettre; mais le choix de l'intermédiaire semble indiquer, de la part de Louis, une hardiesse de protestations qu’il n’eût osé faire directement. Cette démarche fut inutile. Napoléon demeura inexorable et ne rapporta son décret que vers le milieu de l’année suivante.
A considérer les procédés impitoyables dont Napoléon usait envers son frère au sujet du blocus, on eût dit qu’il le jugeait engagé, par le seul fait d'avoir refusé de quitter la Hollande, à supporter sans murmure les plus durs sacrifices. On pourrait même croire qu'il avait le secret dessein de le pousser à bout et de l’'amener à reconnaître de lui-même l'impossibilité de garder sa couronne. Les exigences, non moins tyranniques, dont il l'accablait en même temps au point de vue militaire, jointes à certaines particularités de sa conduite envers lui pendant la guerre d'Autriche, portent aux mêmes réflexions. Depuis qu’il lui avait ordonné de réorganiser sa marine, il ne cessait de le stimuler sur cet article, lui demandant maintes fois où en étaient ses escadres du Texel et de la Meuse (2). Il ne se montrait pas moins pressant à l'endroit de ses autres
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(1) Louis fait allusion à cette “lettre dans celle du 16 décembre 1808. (2) Napoléon à Louis, 15 mai et 21 juin 1808, p. 174, 177.