Oeuvres diverses, str. 223

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Thiers, l'agent diplomatique des Prussiens depuis le 4 septembre, était l’homme-trahison, le croquemort prédestiné de nos funérailles. Son premier acte de politique abjecte, fut la nomination d’un ministère

russien, dont les membres soigneusement triés furent, de fait, les otages de l'ennemi, et, à ce titre, condamnés quand même à la paix, aux termes de la capitulation du 18 janvier, sous peine d'aller tendre leurs poignets et leur cou aux menottes et aux carcans de Bismarck. Les deux ministères importants, guërre Cl marine, furent spécialement livrés à deux captifs de guerre, Pothuau et Le Flô, qui, sans la ratification de l'Assemblée, devaient déposer leurs portefeuilles aux pieds de de Roon. — Tel est le premier échelon du crime qui nous égorge et nous déshonore aux yeux de l'Europe et du monde.

Lors de mon arrivée à Bordeaux, la Chambre se prorogeait pour laisser le temps de bâcler le pacte odieux. On l’amusait avec des commissions qui ne commissionnaient rien du tout et des réunions creuses dans des bureaux déserts, tandis que Thiers et ses complices brocantaient notre chair et notre sang, lhonneur et l'intégrité de la France.

Tous ils accepttrent, avec des larmes de crocodile dans la voix et la joie de l'enfer dans le cœur. — On s'était partagé la proie! Aux réacs la République, à Bismarck l'Alsace et la Lorraine. On lui livrait ces deux nobles provinces, on lui livrait Metz, on lui livrait Strasbourg. On lui livrait une partie de la Meurthe, on lui livrait les Vosges. Le gendre de madame Dosne, l'amphitryon de Grandveaux, qui avait noyé dans le sang la République de 48, comme trainé à l’abime la monarchie d'Orléans, poussait le cynisme jusqu’à proposer à une Assemblée française ce protocole inouï! « La France renonce en faveur de l'empire « allemand, à tous ses droits et titres sur les terri-