Oeuvres politiques de Fabre d'Églantine

F

SUR LA PÉTITION DE LA COMMUNE DE PARIS 105

leurs projets; ces satellites arrivés se sont trouvés de bons fragments de peuple, comme toi; les ambitieux n'ont pu les séduire, et ils ont dit alors que nous les corrompions; nous n'avions pas un journal pour nous, et ils en avaient cent cinquante. Nous ne pouvions pas faire entendre la vérité, et ils vomissaient, imprimaient et te vendaient des rames de calomnies et d'insolentes absurdités. Nous étions les corrupteurs, et ils dispensaient les millions à Roland; nous étions des royalistes, et ils voulaient sauver le roi; nous étions des orléanistes, et ils correspondaient avec Dumouriez; chaque fois que nous mettions des lettres à la poste, ils les interceptaient; et chaque fois que Westermann venait de l’armée à Paris, il apportait une dépêche à Gensonné, et copie de la dépêche envoyée aux ministres : ils disaient que nous ne voulions pas la Constitution, et maintenant ils nous chicanent parce que nous en voulons une.

« Ils nous blâämaient de trouver de grands défauts dans leur projet de constitution, et ils ont dit à Delmas, que lorsqu'ils avaient fait une constitution inexécutable, ils l'avaient bien fait exprès; ils ont répété cent fois que nous flattions le peuple, et nous leur avons dit mille fois qu’ils le trompaient.

« Nous avons fourni notre sang, le peuple a fourni tout son sang et ses ressources, pour combattre les ennemis extérieurs ; et ils ont fourni eux tous les généraux qui ont trahi la république, et les vampires qui l'ont dévorée. C’est encore eux qui ont disposé si bien ces généraux, qu'il n’était pas un seul point de la France où ils n’eussent un traître, depuis Bayonne jusqu’à Dunkerque, depuis Nantes jusqu’à Genève. »