Oeuvres politiques de Fabre d'Églantine

SUR LES EFFETS DE L’AGIOTAGE 119

moyen de ne pas payer un sou. Non seulement ils éludent.la loi sur les mutations, mais ils les multiplient avec une telle rapidité, et avec des surhausses si exorbitantes, qu'ils engloutissent, par cet appât, tous Les assignats qu'on s’empresse d'échanger à vil prix contre ces effets. [ls entrainentdans ce jeu tous les capitalistes. Vous n’avez plus à Paris de petit marchand qui ne joue au jour le jour les fonds que la guerre ne lui permet plus de placer dans le commerce. On place du jour au lendemain.

Ce jeu effrayant, au lieu de ne se faire que pendant une heure à la Bourse, se fait, depuis qu'elle est fermée, pendant la journée entière, au Palais ci-devant Royal. Telle action qui n'était que de 600 livres a monté tout à coup à 4.200 livres. Les assignats perdent dans la même proportion, puisqu'on est obligé de payer 1.200 livres en assignats pour un effet qui n'a été créé que pour moitié de valeur. Je demande que les Comités des finances et de sûreté générale prennent tous les renseignements possibles sur les faits que je viens de dénoncer, et que les scellés mis sur les registres et papiers de ces compagnies y restent, afin que l’on vérifie le {rans/ert, c'està-dire les actes, mutations clandestines, faits seulement par transports, pour éviter le droit d'enregistrement. Je demande que ces Comités réunis vous présentent un mode pour enfin atteindre‘ ces compagnies; car tant que vous ne pourrez les atteindre par impôt, tous les capitalistes verront un grand avantage à faire valoir leurs fonds par cet agiotage plutôt que par un commerce

1. Le texte du Moniteur porte éteindre ; mais le sens de la phrase indique qu'il faut évidemment lire atteindre.