Oeuvres politiques de Fabre d'Églantine

SUR L’AGIOTAGE ET LE CHANGE 125

se disent-ils à eux-mêmes, et souvent entre eux; nous faisons baisser à notre volonté le prix de Passignat; avant-hier le prix de l’assignat de 100 francs ne valait que 18 livres en numéraire, hier que 17, aujourd’hui que 16; achetons tout ce que nous irouverons, et dans quelques jours, lorsqu'il sera à 43, comme nous en sommes sûrs et qu'il dépend de nous, nous revendrons et nous gagnerons 60 p. 100. » Je dois maintenant vous dire et vous démontrer comment Pitt et ses agents font baisser le change, et comment ils font pour qu’il dépende d'eux de le faire baisser.

Il y a deux causes naturelles qui, pour mieux dire, n’en font qu'une, pour faire baisser le change. La première, c’est la trop grande quantité d'assignats, qui n’est plus proportionnée à la circulation habituelle du numéraire. Cette disproportion est encore augmentée par la fraction de cette monnaie, dont le plus petit signe n’est que de dix sols. La monnaie de cuivre et celle de billon ont été accaparées; celle qui reste en circulation est si peu de chose qu’elle ne peut suffire aux appoints; il en résulte que, pour faire les comptes ronds, les marchands élèvent à 10 sols tous les appoints qu'ils auraient pu mettre à 3, 4, 5, 6, 7, 8 et9 sols; comme tous les intervalles d’un petit assignat à un autre sont toujours de 5 sols, ilne se fait pas de surhaussement de prix, ‘tant petit soit-il, qu'il ne soit aussi de 5 sols. Cette considération, qui paraît d'abord légère, est de très grande importance surtout pour le peuple et relativement à ses achats journaliers, tels que ceux qu'il fait au marché et chez l'épicier ; cela est si vrai que, proportions gardées, un chou est de 40 p.100 plus cher qu’une aune de drap. La seconde cause naturelle de la baisse du change est

a