Oeuvres politiques de Fabre d'Églantine

SUR L’AGIOTAGE ET LE CHANGE 133

a-t-il alors cet avantage qu’il a fait perdre à notre assi- . gnat 10 de plus p. 100 de sa valeur; aussi a-t-ilalors cet avantage que les denrées et les marchandises dont nous avons besoin, ont augmenté de 10 p. 100, ce qui fait une différence de 20 p. 100 dans les dépenses de notre gouvernement; de sorte que ce que nous avions avant cette opération pour 100.000 livres, il faut le payer 120.000 livres; et voilà ce qu’il gagne, voilà le pas qu’il fait tous les jours depuis longtemps, et avec une rapidité effrayante depuis les 31 mai et 2 juin; voilà justement le but de cette guerre financière que Pitt nous fait : voilà pourquoi il a fait mettre tant de millions à sa disposition par le Parlement d'Angleterre. Pitt a calculé que le sacrifice de quelques millions par mois, consacrés à notre ruine, nous fatiguerait de cette façon avec plus de succès et à jeu plus sûr que l'emploi de ses escadres; il nous fait par là une guerre plus désastreuse pour nous, et très économique pour lui. Je ne vous ai parlé jusqu'ici -que de Pitt, parce qu’il est en effet Le promoteur et le chef de cette conspiration financière. Mais, il est certain que les cabinets de Vienne, de Berlin, de Madrid et de La Haye concourent par Le. sacrifices particuliers à cette opération infernale.

Quand je vous ai parlé uniquement du papier sur Londres, c'était pour mieux fixer vos idées, parce qu’en effet la plus grande partie de celui qui inonde la place et les principales places de la République est tiré sur Londres; mais, à vrai dire, il en circule de payable pour tout l'étranger, sur Amsterdam, sur Vienne, sur Hambourg, sur Cadix, partout où l'on veut; mais en général le plus abondant est sur l'Angleterre et la Hollande, parce que c’est de la solidité et de l'acceptation des

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