Oeuvres politiques de Fabre d'Églantine

138 OEUVRES POLITIQUES DE FABRE D'ÉGLANTINE

capitalistes et à touslès propriétaires d'une forte portion d’assignats un papier quelconque qui présentera une valeur réelle et indépendante des événements, ce papier sera acheté avec empressement, d'où s'ensuit infailliblement le discrédit énorme de l'assignat.

Cela est si vrai etsi évident en même temps, que tout papier dont la valeur repose sur le crédit national, sur la nation elle-même, perd sur la place; personne n'y court. Les actions mêmes des deux compagnies d'assurance, les actions de la caisse d'escompte perdent aussi; on ne iroque guère d’assignats contre un tel papier, parce que ce papier et l’assignat ont pour ainsi dire une même garantie. Îl n’y a que les actions de la Compagnie des Indes qui vont presque de pair avec le papier sur l'étranger; aussi ces actions ont doublé de valeur; et c’est là le second instrument dont on se sert pour discréditer l’assignat.

L'action de la Compagnie des Indes, qui ne doit valoir que 600 livres, a acquis jusqu'à une valeur de 1.190 livres et même 1.200 livres : cette valeur extraordinaire a deux causes, la nature de l’action et la fraude des actionnaires, ou, pour mieux dire, des administrateurs. Je dis la nature de l’action, parce que les actions de la Compagnie des Indes sont des portions d’une valeur réelle, matérielle, indépendante des événements, et, qui pis est, assurée à Londres; cette valeur consiste en marchandises actuellementemmagasinées, en vaisseaux et en divers effets résultant du commerce de la compagnie ou servant à son commerce ou à sa navigation. Je dis ensuite, de la fraude des administrateurs, parce