Oeuvres politiques de Fabre d'Églantine

DÉPOSITION DANS LE PROCÈS DES GIRONDINS 205

Journées des 3, 4,5, 6, Tet 8 brumaire. Ce fut le 7 brumaire que Fabre d'Églantine fut appelé à déposer.

Je dois commencer par un fait qui fera connaître la théorie et la manière de penser de la faction. Les citoyens Freminger et Loiseau, députés du département de l’Eure, m'ont rapporté qu’étant un jour réunis rue Saint-Florentin, avec. Brissot, Guadet et plusieurs autres membres de la faction, après une discussion où il était question de savoir quel était la part que le peuple prenait aux révolutions, Brissot dit : Le peuple est fait pour servir les révolutions; mais quand elles sont faites, il doit rentrer chez lui, et laisser à ceux qui ont plus d'esprit que lui la peine de diriger.

L'accusé Brissot : Le peuple n’est souverain que lorsque la masse des citoyens est réunie. Voilà sans doute ce que j'ai dit.

Fabre d'Églantine : Je persiste à dire que les deux témoins que j'ai désignés m'ont déclaré le fait tel que je le rapporte. Le second fait est l'éloignement des Brissotins pour la révolution du 40 août, et le refus qu’ils ont fait de se réunir aux patriotes. Il faut d'abord rappeler aux jurés que les Jacobins, inquiets de la dispute qui s’était élevée entre les patriotes au sujet de la déclaration de guerre, résolurent de réunir les deux partis, afin d'agir en commun pour opérer le renversement du trône. Les Jacobins firent des démarches auprès des brissotins et des girondins, et auprès de Pétion avec lequel ils étaient intimement liés. Je n’ai rien négligé pour opérer cette réunion ; mais toutes mes démarches ont été infructueuses. Je fus un jour avec

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