Oeuvres politiques de Fabre d'Églantine

206 OEUVRES POLITIQUES DE FABRE D'ÉGLANTINE

Danton diner chez Pétion; nous le suppliâmes d’être propice à la révolution du 40 août. Nous ne recûmes pour réponse que des affronts sanglants. Une grande partie des accusés y étaient; ils n’osèrent pas ouvertement s'opposer à un mouvement populaire; mais ils le désiraient dans le sens de celui du 20 juin, pour intimider seulement la cour, et non l’abattre.

Le Président : Vous rappelez-vous les noms des personnes qui étaient chez Pétion, et parmi les accusés s’en trouve-t-il plusieurs ?

Fabre d'Églantine : Brissot ne se trouva pas au commencement du diner; mais lorsqu'il arriva, nous Jugeâmes, par l'accueil qu’on lui fit, de l'influence qu'il avait sur cette réunion.

L'accusé Brissot : Il a toujours été dans mon caractère de désirer la réunion de tous les patriotes. Je crois me rappeler que ce ne fut qu'après la journée du 10 août que Fabre me parla de réunion. Il me dit : Les patriotes veulent porter Danton au ministère, vous opposerez-vous à sa nomination ? Je répondis : Non, au contraire ce doit être le sceau de notre réconciliation.

Fabre : J'ai dit que c'était Pétion qui s’opposait davantage à la réunion. Trois jours après le 10 août, Brissot témoigna un grand intérêt pour la personne de Capet; dans l’espace de trois heures, il est venu plusieurs fois à l'hôtel de la Justice pour y faire loger le tyran. Danton crut voir dans celte démarche un projet formé par la faction, pour l'embarrasser dans sa marche révolutionnaire; cependant Danton aurait cédé son logement si la commune de Paris n’était venue lever tous les obsta-

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