Oeuvres politiques de Fabre d'Églantine

268 OEUVRES POLITIQUES DE FABRE D'ÉGLANTINE

C’est à quelque,autre opinant qu’appartient cette arrestation de Maillard; j'ai pu le citer dans une motion improvisée, mais je n'ai pris à cet égard aucune conclusion. Voilà les faits, citoyens collègues : je vous fais passer cette lettre déclaratoire, non pour insister sur son effet, non pour faire revivre ses conséquences, mais pour donner à connaître que je ne suis’ point le calomniateur du citoyen Vincent, mais un représentant du peuple alors effrayé d’une intention funeste bien avérée à mes yeux, un représentant dont l'opinion a aussi sa latitude et qu’il lui est donné de combiner et de modifier selon ses lumières grandes ou petites, mais appliquées à l'utilité publique. Au reste, ma crainte était assez fondée puisqu'elle fut partagée par la Convention nationale, qui se leva à l’unanimité la plus complète et la plus rapide pour décréter mes conclusions contre le citoyen Vincent.

Si je ne déposai point dans le temps au Comité de sûreté générale les motifs et les faits qui m'avaient déterminé, c'est que l’arrestation du citoyen Vincent causa et cause encore un tel trouble, que j’en fus à réfléchir si je n'avais pas fait (non pas une injustice, j'en étais bien sûr) mais une imprudence. Le Comité de salut publie, que j'avais bien sincèrement cru seconder, me parut être d’une opinion d'abord indifférente, ensuite mitigée et enfin contraire à cet égard. On se chargea d'amortir les effets de ma motion; je promis alors de n’y donner, sous aucun rapport, ni suite, ni attachement. J'ai fidèlement, religieusement et bien en entier, sous tous les aspects même les plus minimes, tenu ma promesse : on à cru le contraire, on s’est bien trompé. On semble se prévaloir aujourd’hui de ce qui n’a été que