Oeuvres politiques de Fabre d'Églantine
LETTRE AU COMITÉ DE SURETÉ GÉNÉRALE 267
qu'avant la fin du jour le Rhône roulerait les corps sanglants de tous les coupables. » Je citai donc contre le citoyen Vincent ce placard effrayant affiché, non seulement comme ‘une action barbare et impolitique, mais comme provenant d’une autorité constituée ou du moins l'insinuant. Ronsin n’avait écrit, je le répète, qu'une lettre privée, c’est ce qui m'a été dit.
Tels sont les faits positifs sur lesquels j'ai fondé ma motion. Je dis positifs, parez que les preuves du premier fait sont dans la notoriété constatée par les journaux, les témoins, la voix publique, les actes subséquents et les faits qui suivent ; parce que la preuve du second fait est dans la déclaration authentique, patente, solennelle, littérale et consommée du représentant du peuple Legot ; parce que la preuve du troisième fait est dans la lettre des représentants du peuple Ysabeau et Tallien, déposée au Comité de salut public; parce que la preuve du quatrième fait est dans le placard authentique, public et positif. Je ne dis pas que le citoyen Vincent ne puisse se justifier sur ces faits, mais je dis seulement que ma conscience et mon devoir en avaient assez pour me dicter ma motion et mes conclusions contre le citoyen Vincent.
Je n’ai que citéle général Ronsin et à cause du placard ; je n'ai rien dit, ni voulu dire contre lui, je n'ai point demandé son arrestation. C'est à d’autres motions subites, incidentes et successives qu'il faut attribuer le décret contre le général Ronsin. Les journaux ont tout confondu, mais la Convention et les auteurs des motions additionnelles à la mienne sont là. Je n’ai pas même demandé l'arrestation de Maillard, qui fut résolue alors.