Oeuvres politiques de Fabre d'Églantine

PRÉCIS APOLOGÉTIQUE 213

laient autre chose que perpétuer la Compagnie et son agiotage, en ayant l’air de la supprimer par une fausse liquidation.

À l'instant, je tombe sur le projet de décret de Delaunay, en dévoilant franchement ma pensée, et je propose un simple amendement de deux lignes, qui mettait, sans retour, les administrateurs à la porte, et la Compagnie à néant. Delaunay, atterré, voulut lutter et lutta contre moi. Cambon (pour d'autres raisons, sans doute, que Delaunay) vint à son secours. Je résistai à trois reprises et par trois discours consécutifs, et avec une chaleur proportionnée à la fourberie qui m'indignait. Robespierre aîné m’appuya, et j'emportai l’amendement suivant.

La Convention décrète que la liquidation de la Compagnie des Indes sera faite par le gouvernement ; et que les scellés apposés sur les effets de cette Compagnie ne seront levés qu'après que le mode de liquidalion aura élé décrété et organisé.

J’écrivis et signai cet amendement au bureau des secrétaires, à côté de Delaunay, qui vint à la tribune me le voir écrire, et le remis à Louis du Bas-Rhin, sans doute, puisqu'il dit que je lui ai remis un décret; mais je ne lui ai pas remis ni pu remettre vingt-deux jours après le prétendu décret dont le Comité parle, attendu qu’il n’y a point de décret, que je ne lui en ai pas remis d'autres, et que Zouis du Bas-Rhin n'était pas là vingt-deux jours après. Cette transposition du temps n’est pas ici d’une petite conséquence.

Cambon fit un sous-amendement; il fut même fait quelques propositions incidentes ; et comme la séance tendait à sa fin, le tout fut renvoyé à la Commission des