Oeuvres politiques de Fabre d'Églantine

INTRODUCTION IX

force et la faiblesse, l’activité et la paresse, l’apathie et l'inquiétude, le courage et la peur, le vice et la vertu.

« Personne ne connut mieux l’art de donner aux autres ses propres idées ef ses propres sentiments, à leur insu; de jeter d'avance, dans les esprits, et comme sans dessein, des idées, dont il réservait l'application à un autre temps, et qui semblaient se lier d’elles-mêmes à d’autres circonstances qu'il avait préparées ; de manière que c'étaient les faits, la raison, et non lui, qui semblaient persuader ceux qu'il voulait tromper.

« Par lui le patriote indolent et fier, amoureux à la fois du repos et de la célébrité, étaitenchaîné dans une lâche inaction, ou égaré dans les dédales d'une politique fausse et pusillanime; par lui le patriote ardent et inquiet était poussé à des démarches inconsidérées ; par lui le patriote inconséquent et timide devenait téméraire par peur et contre-révolulionnaire par faiblesse. Le sotorgueilleux courait à la vengeance ou à la célébrité par le chemin de la trahison ou de la folie. Le fripon, agité de remords, cherchait un asile contre son crime dans les ruines de la République. Il avait pour principe, que la peur est l’un des plus grands mobiles des actions des hommes ; il savait qu’elle avait souvent dicté les décrets coupables. des assemblées précédentes; il savait avec quels succès les chefs de la faction girondine l'avaient