Opuscules et fragments inédits de Leibniz : extraits des manuscrits de la Bibliothèque royale de Hanovre

x PRÉFACE

précieux, une confirmation inattendue, ou ne sera pas pour quelque chercheur un trait de lumière révélateur ‘? La fréquence même et la répétition de certaines idées sont significatives et probantes : supprimer quelques fragments, sous prétexte qu'ils ne sont que des redites, seraït affaiblir aux yeux du public importance et le poids des idées qu’ils expriment. Pour toutes ces raisons, la publication intégrale est la seule solution scientifique et loyale, la seule respectueuse du génie qu'il s’agit d’honorer et presque de ressusciter.

Une autre question se pose, qui n’est guère moins importante que la précédente : c’est celle de la classification des manuscrits. On a déjà proposé de les répartir en séries, d’après la nature des sujets traités (c'est d’ailleurs suivant ce principe qu'ils sont classés à présent, et cela facilite assurément les recherches). Mais ce serait encore retomber dans les erreurs des éditeurs précédents. Faut-il donc rappeler que, chez un philosophe comme Leibniz, tout est dans tout, et tout tient à tout? Séparer les diverses productions de cet esprit vraiment universel, c’est mutiler sa pensée. Ne suffit-il pas du spectacle des éditions existantes pour prouver à quel désordre on aboutit ainsi sous prétexte de classement logique? Dans les Philosophische Schriften se trouvent des écrits d’un contenu mathématique, et dans les Mathematische Schriften des lettres d'un grand intérêt philosophique ?. Bien plus : des documents très précieux pour la philosophie se trouvent égarés dans les œuvres « historico-politiques » publiées par Kropr. Un tel classement n'est donc qu'un trompel'œil, qui entretient chez le lecteur l'illusion dangereuse de posséder et de connaître tous les écrits philosophiques ou tous les écrits mathématiques, et ainsi de suite. Et cela ne tient pas tant à la maladresse des éditeurs qu’à la nature des choses. Supposons qu'on veuille former la collection complète des œuvres philosophiques : il sera impossible d'en séparer, d’une part, les œuvres mathématiques, car toutes les théories logiques de Leibniz sont inspirées par ses études et ses découvertes mathématiques; et, d’autre part, les œuvres théologiques, car sa métaphysique est inséparable de ses travaux théologiques : la Théodicée est une œuvre de théologie au moins autant que de philosophie?. Aux œuvres mathématiques on devra naturellement joindre les écrits relatifs à la mécanique, à la physique, à la chimie, à la minéralogie, à la géo-

1. Telle phrase inédite, qui ne faisait que répéter, un peu plus nettement peutêtre, une pensée exprimée dans vingt textes déjà connus, a réussi à convertir un philosophe à notre interprétation du principe de raison et de toute la métaphysique leibnizienne.

2. [l en est de même pour les manuscrits inédits classés sous les rubriques Puis. et Mar., comme on peut le constater dans ce volume.

3. Elle est à présent classée sous la rubrique Tnéorocir, où elle est entourée d'œuvres analogues et connexes.

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