Opuscules et fragments inédits de Leibniz : extraits des manuscrits de la Bibliothèque royale de Hanovre

Pui., V, 6, c, 7-8.

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28 LETTRE DE DESCARTES A MERSENNE 2 ON langue depend de la vraye Philosophie; car il est impossible autrement de denombrer toutes les pensées des hommes, et de les mettre par ordre, ny seulement de les distinguer en sorte qu’elles soient claires et simples; qui est à mon advis le plus grand secret qu’on puisse avoir pour acquerir la bonne science; et si quelqu'un avoit bien expliqué quelles sont les idées simples qui sont en l’imagination des hommes, desquelles se compose tout ce qu’ils pensent, et que cela fust receu par tout le monde, f’oserois esperer ensuite une langue universelle fort aisée à aprendre, à prononcer, et à écrire et ce qui est le principal, qui ayderoit au iugement, luy representant si distinctement toutes choses, qu'il luy seroit presque impossible de se tromper; au lieu que tout au rebours, les mots que nous avons n'ont quasi que des significations confuses, ausquelles l'Esprit des hommes s’estant acoutumé de longue main, cela est cause qu'il n'entend presque rien parfaitement. Or ie tiens que cette langue est possible, et qu’on peut trouver la Science de qui elle dépend, par le moyen de laquelle les Paysans pouroient mieux iuger de la verité des choses, que ne font maintenant les Philosophes.

Cependant quoyque cette langue depende de la vraye philosophie, elle ne depend pas de sa perfection. C'est à dire cette langue peut estre établie, quoyque la philosophie ne soit pas parfaite : et à mesure que la science des hommes croistra, cette langue croistra aussi. En attendant elle sera d’un secours merveilleux et pour se servir de ce que nous sçavons, et pour voir ce qui nous manque, et pour inventer les moyens d'y arriver, mais sur tout pour exterminer les controverses dans les matieres qui dependent du raisonnement. Car alors raisonner et calculer sera la même chose.

Pxic., V, 6, c, 9-10 (4 p. in-4°); titre de la main de Leibniz :

Maïji 1676. Methodus physica. Characteristica. Emendanda. Societas sive ordo. Suit la copie de la main d'un secrétaire, revue par Leibniz, du brouillon: Pric., V, 8, g, 30-31. (Voir plus loin). Cette copie est incomplète; elle se termine, au bas de la 4° page, par cette phrase :

autheur ait pensé à cela, tant pource qu'il n'y a rien en toutes ses propositions qui le temoigne, que pource que ».

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