Orateurs et tribuns 1789-1794

L'ESPRIT DES ORATEURS DE LA DROITE. 95

d'être nègres. — Non, fit-il, mais je voudrais vous inspirer l'envie de ne pas porter la destruction dans nos colonies, comme l’Assemblée constituante à SaintDomingue. » Et comme un député citait l'exemple d’une femme riche accusée de maltraiter ses nègres : « Hélas! oui, répondit-il, c’est bien douloureux, mais consolons-nous en voyant que dans, notre France, si polie, si humaine, il n’y a eu l’année dernière, suivant les comptes de la justice, que vingt-deux parricides. Ce qui est un bien petit nombre pour un si petit crime! »

En dépit de ceux qui lui reprochent de singer Tacite, Vaublanc est un moraliste, et je trouve dans ses ouvrages et ses discours plus d’une réflexion digne de fisurer à côté des pensées de Fiévée ou de Rivarol : « L'autorité une fois établie devient ce qu'elle se fait, et ne périt que par elle-même. — Dans les choses d’administration et de gouvernement, on sent les principes plutôt qu’on ne les voit, suivant l'expression de Pascal; et bien souvent il faut voir la chose tout d’un coup, d’un seul regard. C’est une faculté naturelle que l'habitude fortifie et qu'aucune science ne peut donner. On sait ce qui arriva au grand Newton lorsque, dans le conseil du roi d'Angleterre; on lui demanda son avis sur une affaire importante. Un principe politique ne peut triompher par lui-même; ce sont de vaines paroles qui n’ont aucune force, si elles ne sont vigoureusement soutenues par des hommes qui ont l'autorité et par d’autres qui s'unissent pour soutenir l’autorité..