Orateurs et tribuns 1789-1794

L'ESPRIT DES ORATEURS DE LA DROITE. 101

naturaliste‘, poète, historien et géographe des montagnes qu'il décrit dans une langue pittoresque, soutenue par une imagination qui, loin de l’égarer comme tant d’autres, ne fait que rendre le vrai avec plus de vie ; causeur ingénieux, un peu caustique dans les salons de l'ancien régime et de l'Empire, conseiller privé, secré{aire intime, ami fidèle du cardinal de Rohan avant et après la disgrâce, député sous la Législative, oublié dans les cachots de Tarbes pendant la Terreur (il est trop heureux qu'on l'oublie, répondait Carnot), professeur d'histoire naturelle à Tarbes pendant quatre ans, explorateur infatigable et paysagiste des Pyrénées (il gravit trente-cinq fois le Pic du Midi, et un poète ne trouva rien de mieux que de l'appeler un Savant chamois) ; porté à la vice-présidence du Corps législatif de Napoléon, qui l’envoya comme préfet du Puy-de-Dôme en 1806, l’aimant mieux bon administrateur à distance que témoin rapproché et observateur trop ironique à Paris (aussi Ramond observa-t-il en riant qu’il était pré-

1. En parlant de Ramond, il est presque impossible de séparer le littérateur, l’homme politique du naturaliste. C’est que tous les trois sont unis en lui par des liens indissolubles : « C’est souvent par ses fonctions qu’il a été conduit à ses observations; s’il a mieux qu'aucun autre décrit les Pyrénées, c'est que des haines politiques l’avaient contraint à s’y réfugier ; sa position à la tête d’un département intéressant pour la géologie est ce qui l'a aidé à perfectionner la mesure des hauteurs; en un mot, c’est dans les détails d’une vie agitée que se trouve le commentaire nécessaire de ses ouvrages. {Cuvier.)