Orateurs et tribuns 1789-1794

L'ESPRIT DES ORATEURS DE LA DROITE. 111

enfermé avec lui dans une salle, il l'interrogea en ces termes : « Je connais votre position, votre expérience, vos talents et l'influence de vos conseils sur des hommes qui, sous tous les rapports, vous sont bien inférieurs : Je veux savoir de vous ce que vous pensez de moi et de mes amis, comment vous jugez notre conduite politique, et ce qui fait que nous ne pouvons nous entendre. — Vous êtes de fort honnêtes gens, répondit-il, fort capables, et je crois que vous voulez sincèrement soutenir le gouvernement tel qu'il est, parce qu'il n'y à aucun moyen sûr, ni pour vous, ni pour nous, de lui en substituer un autre. Mais nous, conventionnels, nous ne pouvons vous laisser faire : que vous le veuillicz ou non, vous nous menez tout doucement à notre perte : il n'y a rien de commun entre nous. — Quelle garantie vous faut-il donc? — Une seule ; après quoi, nous ferons {out ce que vous voudrez; nous vous laisserons détendre les ressorts : donneznous cette garantie, et nous vous suivrons aveuglément. — Et laquelle? — Montez à la tribune et déclarez que si vous aviez été membre de la Convention, vous auriez, comme nous, voté la mort de Louis XVI. Vous exigez l’impossible; ce que, à notre place, vous ne feriez pas. Vous sacrifiez la France à de vaines terreurs. — Non, répliqua-t-il, la partie n'est pas égale : nos têtes sont en jeu. »

Mathieu Dumas et ses amis devinaient le complot, croyaient le mal sans remède, pratiquaient la politique