Orateurs et tribuns 1789-1794

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laisse entrevoir une aptitude marquée à saisir le ridicule, avec l’art de le montrer sous une petite face quand il touche à de grands objets, et sous de grandes proportions, quand ïil ne s'attache qu'à de petites choses. Quelques principes sages, quelques idées vraiment utiles se font jour à travers ces riants badinages, tandis qu’une imagination féconde en détails y verse abondamment les allusions fines, les tournures subtiles, les contrastes piquants d'expressions, toutes les saillies d’un esprit ingénieux qui s’abandonne à son caprice. » Mais l'ironie de Lemontey ne coule pas de bonne source, pure de tout alliage, elle ne pénètre point au fond des choses comme celle des maîtres; outre certains morceaux fort cyniques, on doit blâmer chez lui l’opposition continuelle des idées et des mots, le jargon à la Dorat, ce caquetage raffiné, amphigourique qui sévit à la fin du xvu° siècle et l’éloigna misérablement des traditions du bon style.

Qualités et défauts de l’auteur apparaissent en pleine lumière dans une fantaisie intitulée : les Observateurs de la femme. 11 s’agit d'une prétendue académie de philosophes qui poursuivent leurs recherches sur l’éternel féminin ; étude assurément utile et fondamentale entre toutes, car « si, comme on l’a dit, l'homme est un petit monde, qui doutera que la femme n’en soit l'hémisphère où la navigation exige le plus d’habileté, menace de plus de périls, et promette de plus douces découvertes » ? Ces savants originaux mettent au concours