Orateurs et tribuns 1789-1794

L'ESPRIT DES ORATEURS DE LA DROITE. 421

d'État, et cependant il ne laissa pas de jouer un rôle dans cette Législative qui, pressée entre toutes les théories et toutes les violences, disparaît elle-même, selon le mot de Villemain, et s’efface devant la grandeur de ce qui la précède et la terreur de ce qui la suit. À la tribune, dans ses livres, il soutint les idées de réforme sociale et d'humanité, l'abolition de l’esclavage, la tolérance religieuse, la liberté civile, l’enseignement populaire, tous les principes enfin que le génie d’abord hasarde dans les livres et que le temps introduit lentement dans les lois. Orateur, il se montre à la fois emphatique et précieux, sentimental et quintessencié ; par exemple, il s’opposera aux mesures contre les émigrés, sous prétexte que l'émigration est unc (ranspiration naturelle de la terre de la liberté. Écrivain, il s'inspire de Swift, Sterne, Hamilton, lJ’Arioste, Franklin, dans la littérature étrangère ; dans la littérature ancienne, de Lucien et surtout d’Apulée; parmi nos auteurs français, son héros, son favori, est Montaigne dont il cherche à imiter la délicieuse causerie en zigzags, les méandres imprévus, les excursions soudaines hors du sujet. Il a traité les plus graves questions de l’histoire et de la philosophie morale, et il a publié des romans, des fables, des odes, des opéras. Avant tout, il est ironiste, visant à l’humour « ce mouvement d'une humeur naturellement plaisante, où la moqueric douce et légère se mêle au langage de la bonhomie, où se