Orateurs et tribuns 1789-1794

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pour lui la confiance, le second la passion, le troisième la vanité; elle essaiera de A, se dégoütera de B, et gardera C. A règne sur le cœur, C sur la tête, et B sur ce mobile interne que les médecins appellent le plexus nerveux, que Diderot a nommé la béte féroce, et que les savants regardent comme remplaçant dans la mécanique de la femme la machine à vapeur. A moins cependant que la dame du problème n'oublie A, B. C, et ne continue ses exercices sur les autres lettres de l’alphabet.

Plus loin, voici l'histoire de Spurina, le plus beau jeune homme de l'antiquité, qui, dès qu'il paraissait dans les campagnes, dans les villes, changeait en furies d'amour l'innocente et la prude, la prêtresse et la mairone ; pour rendre la décence au monde, il se défigura Celle de la Toulousaine Paulo : à peine se montrait elle, les maisons étaient vides, les ateliers déserts, et la foule amoncelée ressemblait aux flots d’une sédilion. Le parlement prit enfin pitié de ses justiciables, et, montrant plus de connaissance du cœur humain qu'il n'appartient à un parlement de province, il rendit un arrêt qui ordonnait à la belle Paulo de paraître en public deux fois par semaine.

Un des membres de l’Académie des observateurs, le marquis de Kornlongen, lit une dissertation sur le mariage des courtisanes : c’est le meilleur morceau de cette facétie et il m'a paru intéressant de reproduire quelquesunes des maximes humoristiques dont il est émaillé,