Orateurs et tribuns 1789-1794

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sique. Jean-Jacques la chantait et l'enfant l’accompagnait sur sa mauvaise épinette. « Lorsque Rousseau se vit dans la forêt qui descend jusqu'au pied de la maison, sa joie fut si grande qu'il ne fut plus possible de le retenir en voiture : « Non, dit-il, il y a si longtemps » que je n'ai pu voir un arbre qui ne fût couvert de » fumée ou de poussière ! ceux-ci sont sifrais ! Laissez» moi m'en approcher le plus que je pourrai, je voudrais » n'en pas perdre un seul ». Il fit près d’une lieue à pied de cette manière. Sitôt que je le vis arriver, je courus à lui. — Ah ! monsieur, s’écria-t-il en se jetant à mon col, il y a longtemps que mon cœur me faisait désirer de venir ici, et mes yeux me font désirer actuellement d'y rester toute ma vie. — Et surtout, lui dis-je, s'ils peuvent lire au fond de nos âmes !.»

L'hôte de Jean-Jacques raconte sa vie à Ermenonville,

1. Girardin n'a pas manqué de reproduire la lettre où Thérèse Levasseur accuse ridiculement son père de l'avoir diffamée et signe d’une orthographe plus que fantaisiste : Fameu deu Gangaque, non plus que la lettre où Duris condense en quatre vers l’épitaphe du marquis.

Entre ces peupliers paisibles

Repose Jean-Jacques Rousseau; Approchez cœurs droits et sensibles, Votre ami dort sous ce tombeau.

Lebrun ces montra mieux inspiré dans ce quatrain : Parmi ce peupliers qu'entoure une onde pure La cendre de Jean-Jacque honore ce tombeau. C'est ici que repose, au sein de la nature, Son peintre, son amant, le génie et Rousseau.