Orateurs et tribuns 1789-1794

L'ESPRIT DES ORATEURS DE LA DROITE. 133

les leçons données à ses enfants, les promenades solitaires dans la plaine et la forêt, sa prédilection pour un petit verger où il trouvait le jardin de sa Julie, le plaisir extrème quil prenait à ramer et qui le fit appeler l'amiral d'eau douce. Est-ce à ses préceptes que Stanislas dut cette franchise de langage, l’humeur frondeuse, ce goût d'opposition, de saillies brusques dont il ne put jamais se départir ? Très jeune encore, il s’offusqua d'un mot du prince de Condé pendant une visite à Ermenonville : « C'est tout au plus, avait observé celui-ci, ce que l'on pourrait se permettre de dire, si l’on n’était pas en capitainerie », en considérant la baraque d’un charbonnier sur laquelle il lisait cette inscription : « Charbonnier est maître chez soi. » Il assista au dessert du prince, qui lui offrit des fruits : « Je remercie Votre Altesse, réponditil fièrement, je suis ici chez moi et me suis fait servir à déjeuner. » Et en 1789, nommé député du tiers élat à l'assemblée bailliagère de Sens, il insista vivement pour la suppression des capitaineries de chasse. Q avait toujours sur le cœur la réflexion du prince à propos de l'inscription de la baraque du charbonnier,» Combien ne devait-il pas admirer cet axiome de la liberté anglaise : « Le vent et la pluie peuvent entrer dans la cabane d’un pauvre homme, le roi ne le peut » ?

Rousseau, observe Girardin, était très soigné dans sa tenue. On pouvait s’apercevoir encore, lorsque sou disciple le connut, qu'il avait dû éprouver et inspirer de

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