Orateurs et tribuns 1789-1794

L'ESPRIT DES ORATEURS DE LA DROITE. Al

il est juste de rendre à César ce qui est à César, je déclare que cette opinion tout entière a été prononcée par M. de Villèle en 1817. » Une autre fois, il demande au ministre pourquoi on a effacé du fronton du Panthéon l’inseription connue : Aux grands Hommes la Patrie reconnaissanlte ; et comme le député Piet interrompt imnalencontreusement : « Ils n’ont fait que du mal. — Si les grands hommes ont fait du mal à la France, repart l’enfant terrible de la gauche, M. Piet peut être tranquille, jamais il ne fera de mal à son pays. » C’est sans doute une boutade de ce genre qui inspirait à son panégyriste Alexandre de Lameth cet euphémisme : « Ses discours ne restèrent jamais au-dessous de sa franchise; ils la dépassèrent quelquefois; mais ses intentions étaient si bonnes, sa diclion si spirituelle et si originale, qu’elles lui valurent le privilège de tout dire. »

Ses Mémoires, qui s'arrêtent à l’année 1810, fourmillent de piquants détails sur la Révolution et l’empire. — Le jour de la fête de la Fédération, il rencontre Sieyès, Mirabeau, va diner avec eux, remarque leur mécontentement au sujet du caractère politique de la cérémonie. — « Oui, disait Sieyès, si la cour sait mettre à profit cette journée, c’en est fait de la liberté, Avec un pareil peuple, reprit Mirabeau, si j'étais appelé au ministère, poignardez-moi, car un an après vous seriez esclaves. Mais tranquillisez-vous, je hais trop les ministres pour vouloir leur succéder; j’aime mieux les combattre à la tribune, et je suis sûr de me faire