Orateurs et tribuns 1789-1794

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actes et les sublimes vertus de leurs cœurs. Écrivains libéraux, révolutionnaires ou royalistes, dramaturges de l’école du bon sens et de l’école romantique, apologistes et adversaires de la bourgeoisie, poètes, prosateurs, romanciers, la plupart se sont pipés eux-mêmes et ont pipé la postérilé, tous se sont engagés dans cette immense conspiration, détournant les yeux de la réalité, et paraissant comme à l’envi répéter le mot de l’abbé Vertot : mon siège est fait. Au besoin, les historiens se contredisent, passent de la critique sévère à l'enthousiasme illimité, terminent un réquisitoire en règle par une apologie, une épigramme par une cantate, substituant des paroles imaginaires aux paroles réelles, des faits apocryphes aux faits avérés, se permettant pour leurs héros des libertés qu’on n’accorde qu'aux auteurs dramatiques, les embellissant de toute la magie de leur style. A vrai dire, les Girondins n’ont négligé aucun moyen de capter leurs bonnes grâces, et ce n’est pas un des moindres éfonnements de l'observateur attentif d'entendre Buzot, qui avait voté la mort de Louis XVL, flétrir dans ses HMémoires « les scélérats qui ont inhumainement égorgé ce monarque infortunét ».

1. Dans les très midiocres Mémoires de Buzot, je relève cette curieuse nole : « Les bonnes gens croient à la République, comme ils croyaient autrefois aux plus inexplicables mystères du papisme. Comme ils reviendront à la religion de leurs pères, ils reviendront à la royauté. Interrogez les vaillants républicains qui se battent sur tous les points du territoire français : « Frère, pour qui vous