Orateurs et tribuns 1789-1794

L'ESPRIT DES ORATEURS DE LA GIRONDE. 153

Comment le public ne fûüt-il pas tombé dans le panneau, lorsque Royer-Collard! lui-même, le logicien de la légitimité, un des esprits les plus fermes de son temps, et qui avait vu la Révolution de près, mettait sur le même rang Odilon Barrot, libéral naïf, vaniteux, éloquent, et le vertueuæ Périon, qui se conduisit comme

battez-vous? — Pour la République ? — Bien; qu'entendez-vous par République ? — Cest... mais tenez... c'est de n'avoir point de roi. — Frère, à Rome, à Venise, en Hollande, les peuples n'ont point de roi; voulez-vous un pape, un stathouder, un sénat ?— Oh! non, ce ne sont pas là des républiques. — On dit pourtant la République de Venise, de Hollande. — Oui, mais en Suisse, en Amérique? — Oh! frère, vous êtes évidemment un contre-révolution= naire; ces Suisses, ces Américains, sont des fédéralistes. — Frère, je n’en savais rien. Je vous le jure par Marat; en vérité, vous pouvez m'en croire; je suis un franc carmagnole. — Je le vois bien. Mais enfin, expliquez-vous, qu'entendez-vous par une République? — Je vous lai dit; c’est. c’est. demandez-le plutôt au comité de Salut public ; d’ailleurs, voyez-vous, nous sommes un gouvernement révolutionnaire. — Révolutionnaire! voilà un terrible mot; mais, mon frère, à Constantinople aussi l’on à un gouvernement révolutionnaire. — Bah! vous vous moquez. Adieu, je vais me battre. Cet homme a bien l’air d’un aristocrate. Vive la République!» Ainsi vont les choses dans le meilleur des mondes. »

4. Ily a dans le drame de madame Louise Colet deux beaux vers sur Marat : Qui. trainant dans le sang la Révolution, Monte de crime en crime à la Convention.

A propos de ce drame, un écrivain traitait la Gironde de faction femelle : « singulière destinée du parti girondin, d’avoir eu poir poète, pour poli ique et pour homme d'action, trois femmes » (madame Colet, madame Roland, Charlotte Corday},