Orateurs et tribuns 1789-1794

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Quand Duport crut le moment venu, il n’hésita pas à marquer la limite, et c'était un avertissement à ses collègues que cette définition de la liberté : « La liberté est la limite des droits de chacun, limite posée par la justice, exprimée par la loi, défendue par la force publique. » Il soulevait le voile qui cachait les prétentions encore timides du parti républicain : « En vain dira-(-on que leur projet est ridicule. Est-ce parce que les choses sont déraisonnables qu'elles sont impossibles ? Depuis qu'on nous rassasie de principes, que le mot même, comme tant d’autres, est devenu trivial, comment ne s’est-on pas avisé de penser que la stabilité est aussi un principe de gouvernement ? »

Accusé après Varennes ‘ d'avoir connu le projet de Louis XVI, il répond noblement : « Si le roi m'avait demandé mon avis, je ne lui aurais pas conseillé ce départ, mais s’il m'avait choisi pour le suivre, je serais mort à ses côtés en me glorifiant d’une si belle mort. »

On raconte que, pendant son séjour en Suisse, après avoir été sauvé par Danton, son ancien protégé devenu son protecteur, Duport fit une traduction de Tacite, qu'on n’a point retrouvée. N'avait-il pas appris à détester toutes les {yrannies, les tyrannies d’en haut, les

1. «Si le roinous a quittés, disait-on gaiement, la nation reste Gt peut ÿ avoir une nation sans roi, mais non pas un roi sans nation.» & Voilà notre grand embarras parti, m'écrivait une personne qui rendait grâce au roi d’avoir abdiqué le trône». (Souvenirs de Dumont .)