Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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prétentions dynastiques doivent s’effacer. Aussi fut-il franchement constitutionnel, quoi qu’en aient pu dire les scribes attitrés du Directoire. Sans doute, il avait peu de foi dans la vitalité du gouvernement républicain, si chargé de crimes quoique si nouveau; la monarchie lui paraissait mieux appropriée au génie national et aux traditions séculaires de la France, il croyait à son rétablissement plus ou moins prochain et ses sympathies intimes étaient acquises à la famille royale que tant de vertus et de malheurs devaient rendre chère à tous les cœurs généreux ; mais ces sympathies ne lui firent jamais oublier ni ses devoirs de citoyen, ni son serment de député. Les républicains extrêmes qui l’accusaient de royalisme parce qu’il combattait leurs motions radicales, les agents bourbonniens qui le comptaient parmi leurs adhérents parce qu’il appartenait à l’opposition étaient lesuns et les autres dans l'erreur. Il a été exilé comme royaliste, sans être royaliste. Ïl n’eut Jamais de correspondance avec les princes exilés, ni de relations politiques avec leurs affidés, Pichegru, Lemerer, Mersan et Duverne de Presle; jamais il ne consentit à employer contre le Directoire d’autres armes que la raison et Péloquence.

Divers témoignages pourraient, il est vrai, faire concevoir des doutes à cet égard. Ainsi, au moment : des élections de l’an IV, un des agents du comte de Provence, Mallet du Pan, écrivant au comte de SainteAldegonde (28 octobre 1795), énumérait les nouveaux députés dévoués à la cause des Bourbons et comptait parmi eux « Portalis l’ainé, avocat distingué au