Portalis : sa vie, et ses oeuvres

AU CONSEIL DES ANCIENS 105 du moins deux consolations précieuses, l'estime de tous les honnêtes gens et la conscience du devoir accompli. Séparé du Directoire et de la République par ses principes, ses souvenirs et ses sympathies, il n’avait ni trahi la République, ni combattu aveuglément le Directoire. IL n’avait pas hésité à signaler les fautes de ce gouvernement faible, violent et corrompu ; mais il l’avait fait en homme qui comprend la dignité de son mandat et le rôle de l’opposition dans les assemblées délibérantes. Il ne connut jamais l'approbation de parti pris, il en eût rougi; mais il eût rougi plus encore du dénigrement systématique: [Il avait un trop profond amour de la vérité pour cacher sous le voile du patriotisme des arrière-pensées ambitieuses, il aimait trop son pays pour faire, de ses dangers ou de ses revers, aux yeux de l’Europe, un thème incessant de récriminations ; il respectait trop les autres, il se respectait trop lui-même pour se mêler aux scènes de violence par lesquelles de faux libéraux déshonoraient la liberté. Il savait que cette conduite est toujours une faute grave, alors même qu'il n'y faut pas voir la plus détestable des tactiques, et que de tels apôtres de liberté sont moins propres à en inspirer l’amour que le dégoût. Il avait donc fermement maintenu, contre les résistances des uns, contre les emportements des autres, les grands principes d'ordre, de légalité, de concorde politique et de liberté religieuse qui sont la pierre angulaire de toute société civilisée. Il avait compris que. devant cet intérêt supérieur, les questions de persynnes et les