Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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Kant n'échappe au scepticisme absolu que par l’inconséquence. Il suit, dans tousles détours de sa discussion parfois nébuleuse, l’auteur de la Critique de la raison pure; il ne se lasse pas de le mettre en présence des faits réels, de le rappeler à leur étude et d’opposer à l’ordre fictif de la logique transcendante la marche certaine tracée par la nature.

La même méthode, les mêmes arguments servent à Portalis pour réfuter le sensualisme , comme pour combattre l’idéalisme. En effet, le principe de la préexistence de l’entendement renferme tout le spiritualisme dans ce qu’il a de sage et de réel. Pour prouver l'existence de Dieu, la spiritualité de l’âme, son immortalité et toutes ces grandes vérités philosophiques qui font l’honneur de l’école spiritualiste, il n’est pas nécessaire de tirer argument de la présence en nous de certaines idées innées; la preuve métaphysique la plus certaine, nous la trouvons dans la nature même de notre entendement et dans le jeu merveilleux de nos facultés. Innées ou acquises, nos idées

4. « Je conviens, avec le philosophe de Kæœnigsberg, que l’en» tendement existe avant toute connaissance; mais il existe comme l'œil existe avant tout regard particulier, et l’ouïe avant l'audition de tout son ou de tout bruit déterminé. L’œil est organisé pour voir, l'oreille pour entendre : l'esprit a tout ce qu'il faut pour penser. L’aptitude qu'ont tous les hommes à former certaines idées, ou à reconnaître certaines vérités, prouve seulement les mêmes dispositions, la même aplitude, les mêmes fa» eultés; elle prouve la préexistence du principe intelligent qui » nous a été départi à tous, et qui forme toutes nos idées, et non » la préexistence de nos idées elles-mêmes. » (Portalis, De l'usage et de l'abus de l'esprit philosophique, tome Ier, chapitres vn et vi, pages 92 et145.)

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