Portalis : sa vie, et ses oeuvres

EN EXIL 173 toujours les sophistes et les charlatans politiques chercheront à faire illusion sur leur valeur par la pompe de leur langage. Portalis le savait : aussi s’est-il attaché à donner à sa pensée l’expression la plus simple, persuadé que lidée, si elle est juste et belle, gagne à se montrer sans ornement superflu.

Sur le fond des doctrines, nous n’avons guère à exprimer qu'une complète adhésion. Les théories philosophiques, religieuses et politiques de Portalis ont été maintes fois reproduites et développées, depuis la composition de son livre, et elles n’ont plus aujourd’hui, du moins en général, l’attrait de la nouveauté. L’Essai sur l'usage et l'abus de l'esprit plalosophique est même, à ce point de vue, plus intéressant comme monument historique que comme œuvre scientifique ; mais, lors de sa rédaction, en 1799, et encore au moment de sa publication, en 1820, il avait le mérite de l’à-propos, il ouvrait des horizons inconnus. I] renferme, en effet, la première analyse et la première réfutation du système de Kant; il contient, sur les rapports de la morale et de la théodicée, des aperçus qui conservent encore tout leur intérêt; il fait appel à la réconciliation de la philosophie et de la religion; il démontre, l'Évangile en main et à l’aide de la seule raison, la vérité du christianisme; enfin, il devance, sur beaucoup de points, les conciliantes conclusions de l'éclectisme contemporain et il donne, en même temps, le signal d’une généreuse réaction contre la philosophie sensualiste.

Par la nature de son esprit, par la noblesse de sa