Portalis : sa vie, et ses oeuvres

EN EXIL 175

qu’elles accréditent, la part de vérité qu’elles peuvent renfermer. « Le bon sens et la bonne foi, a dit un » maître dans l’art de la critique!, sont les deux ca» ractères philosophiques de Portalis. » I1 n’attaque jamais les personnes à travers les systèmes, et, dans la discussion des doctrines, il parle le langage de la raison, non celui de la passion. Il se garde de provoquer, à un degré quelconque, les sévérités de la loi contre les sophismes, il craindrait de donner ainsi un nouveau crédit à l'erreur et de compromettre le triomphe de la vérité plus encore que celui de la liberté : contre un. péril intellectuel et moral, il n’almet que la réaction libre des intelligences, il veut qu'on oppose à la fausse science non des restrictions, mais des réfutations. J

Cette doctrine, cette attitude sont pleines d’enseignements. Le combat philosophique auquel Portalis a pris part est loin, en effet, d’être terminé. Le matérialisme et l’athéisme ont, de nos jours comme au xvirrt siècle, des défenseurs convaincus, d’autant plus redoutables que leur talent est plus grand, leur système plus vague, leur enseignement plus mélé d’erreur et de vérité. Nous aussi, comme nos pères du siècle dernier, nous avons pu lire et entendre hier, aujourd’hui, ces propositions étranges qui sont la négalion, non-seulement de la religion, mais encore de l’histoire, de la morale, du libre arbitre, de la science elle-même, et qui outragent la raison autant que la foi. On nous à dit:

1. Sainte-Beuve , Causeries du lundi. Portalis. Mars 1852, tome V, page 372.