Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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temps. et notre pays. Nous ne serons jamais de ces esprits chagrins qui ferment systématiquement les yeux au bien, pour ne voir et ne dénoncer que le mal. IL nous est doux de penser et de dire qu’en ce siècle de transformation et de crise, de grands progrès ont été réalisés, et que, malgré d’effroyables secousses, les masses populaires ont incontestablement vu s’accroitre leur instruction, leur bien-être et leur moralité, Mais il importe de se tenir sur ses gardes. Ce mouvement progressif qui date de 1789 et qui s’est continué sous l'impulsion d’une génération libérale et spiritualiste, ne saurait rencontrer de plus sérieux obstacle que les doctrines matérialistes et athées. Dès à présent, sur plus d’un point, ces doctrines faussent et compromettent la civilisation : elles la feraient reculer jusqu’à la barbarie, si jamais elles devenaient prépondérantes. Il y a là, pour les sociétés modernes, un grave péril, que tous les cœurs honnêtes et tous les esprits clairvoyants ont mission de combattre et de vaincre à force de raison, de modération et de bons exemples. On sent mieux, de jour en jour, que la lutte des doctrines mo. rales met en cause la société entière et qu’elle est ainsi devenue l'affaire de chacun : que chacun accepie donc le combat et le soutienne dans la mesure de ses forces, sans se laisser intimider par les menaces de certains novateurs philosophiques, plus intolérants que ne le fürent jamais les plus intolérants inquisiteurs. La victoire est à ce prix.

Telle est notre conviction. Elle servira d’excuse à la longue discussion doctrinale qui précède. Malgré notre