Portalis : sa vie, et ses oeuvres

LE CODE CIVIL 185

se précipite dans les bras de Portalis : c’était le duc de Choiseul, l’un des naufragés de Calais que léloquence de Portalis avait contribué à sauver de l’échafaud et à qui le gouvernement consulaire venait d'ouvrir les portes de la prison où les avait laissé languir le Directoire 1.

Arrivé à Paris vers le milieu de février, après deux années d’exil, Portalis oublia bientôt, au milieu des douces émotions du retour et des joies de la vie de famille, l'épreuve qu’il venait de traverser. Ses amis qui lui étaient restés fidèles lui firent l'accueil le plus cordial. L’un d’eux, son ancien collègue au Conseil des Anciens, Lebrun, devenu Consul de la République, le présenta au général Bonaparte, et le résultat de l’entrevue fut la nomination de Portalis au poste de commissaire du gouvernement près le Conseil des Prises, dès le 3 avril 1800; le 12 août suivant, il était désigné pour faire partie de la commission chargée de rédiger le projet de Code Civil; et, le 22 septembre de la même année, un arrêté consulaire le nommait Conseiller d’État ?.

En acceptant ces fonctions, Portalis n’avait rien à désavouer de son passé, rien à sacrifier de ses convictions. Ses rapports avec Mallet du Pan n’avaient été ni

1. Mathieu Dumas, Souvenirs, tome III, page 163.

9, Pendant son court passage au Conseil des Prises, Porlalis prononça un remarquable discours d'installation (Voir Moniteur de l'an VIII, tome IL, page 193), qui fut traduit en plusieurs langues et quelques réquisitoires dont les conclusions ont fait jurisprudence .