Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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assez intimes ni assez prolongés pour l’enchaîner à la cause royaliste, et le 18 fructidor l'avait délié de son serment de fidélité à la Constitution de l’an IT. Il était resté, en toute circonstance’, en dehors etau-dessus des manœuvres des partis, le défenseur des idées de justice et d'humanité : il n’avait qu’à suivre sa voie.

On sait ce qu'était alors le Conseil d’État, et de quel prestige l’entouraient étendue de ses attributions, le mérite de ses membres et la haute confiance du Premier Consul. Associé par la Constitution de Pan VIII à tous les actes importants de la souveraineté, rédacteur, défenseur et interprète de la loi, conseil du gouvernement, organe exclusif de sa politique devant le Corps législatif, juge de l’administration, constamment placé sous l’œil du chef de l’État, il fut, suivant l'expression d’un ingénieux écrivain, « le confident de la pensée » impériale et la plus haute personnification du pou» voir exécutif !. » Il n’est que juste d'ajouter qu’il se montra, dès le début, à la hauteur de sa mission. Si, plus tard, au milieu des entraînements de la toute-puissance impériale, il parut oublier que les complaisants sont les plus dangereux ennemis des gouvernements, il sut, du moins, pendant le Consulat, concilier, dans une certaine mesure, l'indépendance avec le dévouement et entourer un pouvoir essentiellement personnel d’une sorte de prestige parlementaire. Il se composait, en effet, de l'élite de cette forte génération de 1789 qui avait grandi au milieu de profondes études, mûri dans les journées

1. M. de Cormenin.